Bruce Bechdel. Un père distant, aux rares marques d’affection, au tempérament peu facile. Minutieux dans sa passion : restaurer la maison familiale entièrement à la main, façon manoir. Maniaque et obsessionnel diront certains, architecte d’un décors artificiel pour camoufler les failles dans le tableau de la famille parfaite. Alison revient sur ce père absent, qui a laissé sa marque en creux – une influence sur sa vie, à bien des égards.
Qui s’intéresse aux films et au féminisme aura peut-être découvert l’existence du Bechdel test. Un test simple mais révélateur de la représentation des femmes dans les médias – et surtout l’absence de celles-ci comme personnages importants de l’histoire dont l’existence se suffit à elles-mêmes. Les règles de ce test sont basiques : y-a-t-il au moins deux personnages féminins dont on connait le nom ? Parlent-elles entre elles ? Et d’autre chose qu’un homme ? A priori, ce n’est pas grand chose ; pourtant, vous seriez surpris du nombre de films – best-seller comme films cultes, qui ne répondent pas à ces trois simples critères !
Je savais que ce test provenait du roman graphique Dykes to watch out for, et cela faisait un moment que je souhaitais découvrir son travail. Fun Home, publié en France en 2013, était une entrée comme une autre dans la vie de l’auteure, qui puise dans son expérience personnelle pour nous livrer ses histoires. Grand bien m’en a pris !
Fun Home mérite bien son sous-titre : une tragi-comédie familiale. Parce que cette histoire, l’enfance, l’adolescence et le coming-out de Bechdel racontés depuis la figure centrale du père est tour à tour grincente, drôle, cynique, triste et livrée avec un regard implacable sur le passé et le père.
Ce père dont les crises de colères étaient craintes, ce père éloigné, aimant plus le décor de la maison qu’il bâtit que les personnes qui y vivent ; ce père qui s’est ouvert à elle, légèrement, par les livres de sa bibliothèque qu’il lui partageait. Ce père parfois tyrannique. Et les secrets et les non-dits, révélés et compris sur le tard – quand il n’était plus là pour en discuter avec lui. Alison Bechdel se raconte sans tabou ; peut-être pour exorciser ceux qui ont régné sur sa famille durant son enfance ? Ce que je sais, c’est que c’est une véritable expérience que l’on vit avec elle.
Fun Home : une tragicomédie familiale
Alison Bechdel
Denoël Graphic, 2013
C’est vraiment une superbe BD, dans laquelle je me replonge de temps en temps.
Pour info, Dykes to watch out for vient de paraître (enfin une partie) aux éditions Même pas mal. Et ça vaut le coup aussi!
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Merci pour l’info ! J’irai le feuilleter (ou l’acheter) si j’en ai l’occasion
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Elle a l’air vraiment chouette cette BD. Les dessins sont en noir et blanc ?
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En noir et blanc oui ! Ce qui se prête plutôt bien au sujet.
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